Essaouira est fière de raconter son histoire par plusieurs prismes, cultuels et culturels : les murs et les remparts sont témoins d’un voisinage historique et légendaire. A essaouira maroc, le temps marque la cohabitation coûte que coûte, des trois plus grandes religions monothéistes. L’histoire n’oubliera jamais la trentaine de synagogues et les plusieurs dizaines de mosquées présentes sur place. Une telle situation très rare en terre d’Islam est une preuve d’un grand cosmopolitisme où la fraternité l’emporte sur toutes les autres choses. En 1960, Essaouira triomphe d’avoir à son actif des équipes de foot et de basket où des joueurs sont issus des trois communautés : juive, chrétienne et musulmane.
Le temps passe mais l’histoire reste gravée dans les mémoires, aujourd’hui la ville jouit d’un privilège d’être ouverte à tout le monde, de toutes les destinations, de toutes les confessions mais aussi de toutes les couleurs. Ce fil d’Ariane a été soigneusement sauvegardé, Mogador et ses remparts chantent chaque année la mélodie de la joie et de la paix par le biais de ses festivals mondialement connus et reconnus. La célébration se fait grandiose, chaque année, par des moments intra-muros jubilatoires. Au rythme des Gnanoua les gens ne se soucient pas de ce que leur réserve la nuit mystique, certains préfèrent finir sur la plage, allongés sur le sable à la belle étoile et bercés par le rythme des Gnaouas. En effet, le festival Gnaoua et musiques du Monde est devenu un rendez-vous incontournable pour les amateurs d’Essaouira et de la musique gnaoui. La ville compte quelques milliers de spectateurs chaque année en cette période estivale. Les autorités ont saisi l’ampleur de l’événement et mobilisent chaque année de nouveaux espaces pour accueillir les grands Maalams Gnaoui qui, très vite chamboulent la foule par des mélodies féeriques.
Suivant les voix de leurs aïeux, les jeunes artistes s’inspirent, ils tracent leur voie en imitant les Mallâmes. Les organisateurs du festival gnaoua en collaboration avec les associations locales se sont penchés sur l’idée de donner la chance aux jeunes de la cité pour porter l’habit des grands maîtres au moins pour quelques jours. Une idée qui a été applaudie par les citoyens qui ont répondu oui à l’invitation et qui remplissent chaque année la piste de danse à la place légendaire de Moulay Hassan. Assistés par des professionnels, ces jeunes attirent l’attention par une prestation aussi bien professionnelle et passionnante que celle du festival père. Plusieurs sponsors ont rejoint l’équipe organisatrice pour contribuer à la réussite de l’événement. La ville est ainsi fière d’avoir créé ce petit événement qui donne un grain d’espoir pour les jeunes musiciens artistes talentueux.
Le festival de l’Andalousie vient corroborer la volonté de la ville d’internationaliser son modèle exceptionnel du vivre ensemble. L’événement est un moment important où des personnalités de marque se réunissent pour célébrer le culte de la musique. La musique andalouse n’est guère anodine, elle a également des racines très ancrées aussi bien au Maroc qu’en Espagne. Un lien très étroit et rare qui unit deux continents longtemps marqués par des convergences politico-religieuses. Une musique douce, spirituelle et très réparatrice que les amateurs de la musique andalouse viennent entendre à tête reposée, loin du brouhaha des grandes métropoles. En parallèle, des spectacles se tiennent ici et ailleurs dans les différents coins de la ville pour montrer l’héritage local de la musique mystique comme les « Issaoua » et « Hmadsha », des transes traditionnelles qui remontent aux grands apôtres des trois confessions monothéistes. En somme, on ne parlera jamais assez des mystères et des secrets cachés de cette petite ville aux apparences trompeuses. Essaouira reste un cas particulier où la primauté de l’humain est célébrée au même titre que le patrimoine. Dans des quartiers on s’aperçoit que les amateurs de la ville trouvent refuge dans les quartiers qui serpentent la ville.